Mon chemin de vie

Je ne savais pas que ma vie serait un voyage initiatique,

fait de fragments à rassembler, de morts symboliques à traverser,

de rencontres miroirs, de seuils, de portes, d’épreuves, d’élans.

Mais à mesure que je traversais les années, je comprenais que rien n’était hasard,

et que chaque passage me transformait.

 

Ce texte est le récit de cette traversée,

Que je choisis de vous livrer avec pudeur,

Centré sur ma trajectoire professionnelle,

entre blessures et révélations,

entre l’art, le soin, la transmission, la matière,

entre les mondes visibles et invisibles.

 

Je l’écris pour honorer ce chemin,

pour transmettre,

mais aussi pour offrir à d’autres une reconnaissance

possible de leur propre voyage.

1. Née sans carte, mais avec une boussole sensible

En 1982, je suis née vive et curieuse, joueuse et joyeuse.
Et aussi, je suis née sans carte, sans plan préétabli, sans ce manuel d’existence que d’autres semblaient avoir reçu.
Très tôt, j’ai su que je percevais le monde autrement.
Trop fort, trop vite, trop tout.
Chaque mot, chaque silence, chaque vibration me traversait avec une intensité que je ne savais ni nommer ni contenir.

Le monde me paraissait flou et bruyant à la fois.
Rien n’était lisible, et pourtant tout était ressenti.
Je ne comprenais pas ce que les autres attendaient de moi,
mais je percevais ce qu’ils taisaient.
J’ai appris très tôt à observer mon environnement,
à lire les regards, à percevoir les incohérences, à anticiper les humeurs, et aussi à absorber leurs émotions et douleurs.

Chemin de vie - anais authelain - enfance

2. La disparition du pilier

Ma vie a commencé par un effondrement :
Ma grand-mère est morte, alors que j’étais encore une toute petite fille.
Cette perte fondatrice a fait voler en éclats l’univers dans lequel j’arrivais,
et, sans le savoir, j’ai entamé ce jour-là une longue quête :
celle de la vérité, de l’identité, du sens.

Mamie Lily, sans le dire, portait en silence un amour inconditionnel.
Elle était celle dont la présence me reliait à quelque chose de doux, de grand, d’indéfini.
Elle était ma traductrice à émotions en plein apprentissage de mon monde intérieur.

Je n’ai pas compris cette mort.
Mais j’ai compris, viscéralement, que quelque chose m’avait été arraché.
Une sécurité subtile, un socle invisible.
Ce jour-là, j’ai rencontré la finitude.
Et une urgence de vivre s’est réveillée en moi.

Dès lors, ma boussole ne pointait plus vers un lieu,

mais vers une quête.

Une quête intérieure, profonde, intuitive.

Celle de comprendre ce que je faisais là,

ce que voulait dire être vivante.

Je n’avais pas de carte,

mais je sentais qu’il y avait un cap.

Un fil.

Et même si je me suis souvent perdue dans la forêt,

la mer et les tempêtes,

je n’ai jamais perdu cette boussole sensible.

Elle m’a ramenée, encore et encore,

au cœur de moi.

Chemin de vie - anais authelain - chemin

3. Le dépassement de soi et le collectif comme support vivant

Mon corps souple et tonique s’est façonné à travers huit années de gymnastique. Ce sport

exigeant m’a transmis la rigueur, le goût de l’effort, et surtout le dépassement de soi au

service du collectif. Contribuer au score de l’équipe, porter un mouvement ensemble, a été

fondateur : j’y ai découvert un bout de ma place.

 

Pendant que je m’épanouissais dans l’effort physique, le système scolaire, lui, ne nourrissait

ni mon feu intérieur, ni mon besoin de grandir. Je ne m’y sentais pas comprise. Malgré mon

désir sincère d’apprendre, mes efforts scolaires semblaient invisibles. Cette période a creusé

un écart entre ce que je portais et ce que l’on attendait de moi.

4. La folie douce, la beauté nue et le vide

Heureusement, je passais du temps avec Lionel.

Lionel, c’était l’oncle écorché.

Celui dont on murmurait la différence sans jamais vraiment en parler .

Schizophrène, disaient-ils.

Moi, j’y ai vu une présence inouïe.

Un homme d’une sensibilité vertigineuse,

qui me parlait sans masque, sans armure.

À son contact, j’ai rencontré la maladie mentale, oui.

Mais surtout, j’ai rencontré ma propre frontière avec le réel,

cette zone poreuse entre l’intuition et le délire, entre le génie et le chaos.

 

Il dessinait. Il écrivait. Il ressentait.

Il m’a montré, sans le savoir, que ma sensibilité n’était pas une faille,

mais une porte.

 

Cette rencontre a été un miroir fondateur.

C’est là que j’ai senti que l’art et la présence pouvaient devenir des chemins de reliance,

même quand le monde rationnel ne sait plus quoi faire de nous.

 

À 15 ans, tout a basculé.

 

Mon corps, que je dominais avec rigueur et passion à la gymnastique, a cédé.

Un accident, brutal, est venu mettre fin à quelque chose que j’aimais profondément,

là où je m’exprimais pleinement, là où je brillais.

 

Et dans le même temps, Lionel s’est suicidé.

 

Un homme que j’aimais tellement, un repère, un lien, un allié.

La douleur a été double, mais je n’ai rien pu exprimer.

J’ai tout contenu.

Ce passage a été très douloureux, mais très enfoui.

 

À l’extérieur, la vie continuait.

À l’intérieur, quelque chose s’est effondré en silence.

 

Je l’ai vécu comme un abandon.

Je me suis sentie profondément seule, à porter un chagrin trop lourd pour une adolescente.

 

Cela a marqué mon désir de comprendre l’inconscient. Comment la maladie mentale peut

envahir une personne ?

Je comprendrai les mécanismes inconscients plus tard pendant mes études en

Psychopathologies de la Santé Mentale et mes stages en hôpital psychiatrique pendant mes

études d’ Art-Thérapie.

 

5. L’élan de vivre

L’espoir m’a prise par la main, un été ensoleillé à Los Angeles.

J’étais fille Au Pair, perdue entre deux âges. Là-bas, quelque chose s’est ouvert.

Le souffle du large et le “tout est possible” américain ont trouvé un écho en moi.

Une lumière nouvelle est entrée par mes pores et a ravivé un feu discret, mais tenace.

Ce choc m’a réveillée. 
J’ai senti que j’avais le droit de rêver ma vie,
et pas seulement de la traverser en silence.

Depuis, même dans les nuits les plus denses,
je sais qu’un chemin est possible.
Je le porte en moi comme un fil d’or,
tendu entre celle que j’étais et celle que je devenais.

Chemin de vie - anais authelain - Los Angeles

6.Quand l’émotion déborde, un langage cherche à naître et trouve enfin une forme

J’avais 21 ans. 
Je vendais du rêve en organisant des voyages pour les autres, chez Nouvelles Frontières. 

Mais en moi, c’était le chaos.

J’ai entamé une psychothérapie avec un psychologue Lyonnais renommé, Fabrice Bak, qui allait profondément marquer ma trajectoire. 
Sa pédagogie vivante, ludique, m’a ramenée à la curiosité, à la relation, à la pensée.
Avec lui, j’ai découvert que ma pensée avait besoin de soutien pour s’éclaircir, 
et que mes émotions, elles, réclamaient un langage.

 

Chemin de vie - anais authelain - 21 ans

Mais ces émotions-là étaient enfouies sous des couches de confusion.

À l’intérieur, ça grondait comme un volcan.

Je ressentais, mais je ne savais pas dire.

Ça hurlait en moi, mais je n’avais pas les mots.

Des deuils, des absences, des silences trop longs.

 

Un jour, j’ai saisi des pinceaux.

J’ai gratté, frotté, taché.

Sans chercher à faire beau. Juste laisser sortir ce que mon corps contenait.

Et pendant quelques instants, j’ai respiré.

Mon thérapeute a accueilli mes toiles comme des paroles. 
Elles sont devenues le point de départ de nos séances.
Il a regardé mes gestes, reconnu un langage.
Il m’a aidée à décoder ce que je ne savais pas dire.

À travers elles, j’ai commencé à me comprendre
et à libérer toutes ces émotions fortes qui ne demandaient qu’à être accueillies
dans un espace de sécurité.

Sans le savoir, je posais les premiers pas vers ce qui deviendrait un jour mon métier : l’art-thérapie.
Il m’a vue comme un être pensant et sentant.
Cette reconnaissance a été fondatrice.
Elle m’a offert un espace pour reconnecter à ma vie intérieure
et poser, enfin, les premières pierres de mon langage émotionnel.

7. Voyage dans mes abysses, à -40 mètres, pour me reparenter solidement

Je commence ma formation d’art-thérapeute à l’IRFAT comme on plonge sans tuba. J’ai 23 ans, 
une urgence de vivre au creux du ventre, la sensation d’être encore morcelée, loin de moi-même. 

Là-bas, j’ai trouvé ce que je n’avais jamais connu : une école qui m’enseignait la vie.
Et peu à peu, j’ai commencé à entrevoir ce que signifie être humain.
Un lieu où cohabitent le corps, l’émotion, la pensée, la parole et le silence.
Un espace où la créativité, le cadre et la sécurité s’entrelacent.
Où l’invisible et le visible dialoguent.

Nous sommes chacun un monde complexe.
Et là-bas, ma vision s’est ouverte à cette complexité.
À l’amplitude que chacun de nous porte en soi.

Grâce aux ateliers expérientiels, je découvre ma manière d’apprendre : par l’expérience, le corps, la relation. Ce n’est qu’ensuite que la théorie vient mettre du sens sur ce qui a été vécu. Les concepts ne prennent racine en moi qu’une fois éprouvés.

Je n’étais pas venue pour jouer petit. J’étais venue pour plonger profond. Trois années de tsunami intérieur : confrontations, remises en question, thérapie de groupe intense. J’en suis ressortie essorée, mais plus entière. Un peu plus moi.

Grâce à Alain Gleize, fondateur humaniste de cette structure qui relie l’art, la psyché, la pédagogie et le soin, j’ai trouvé une boussole solide.

J’ai compris que pour accompagner quelqu’un à descendre en lui, il faut avoir eu soi-même le courage de descendre.
Et j’ai toujours su que je faisais ce chemin à double titre. 
Comme disait Gandhi : « Chaque âme qui s’élève, élève le monde. »
Alors j’ai plongé. Pour moi. Pour les autres.
Et j’en suis revenue plus vivante.

8. Reconstitution du puzzle

La transmission du métier d’art-thérapeute m’a offert un socle solide, sur lequel toute la suite de mon chemin a pu s’enraciner.
J’ai traversé, en conscience, des vagues successives d’introspection, de descentes et de remontées.

Un parcours d’ermite et de solitude, bien que j’étais entourée et aimée.
J’ai dû quitter certains liens très chers, devenus trop discordants avec mon chemin de vérité.


À mesure que je libérais des traumatismes et des émotions enfouies, je me sentais plus vaste.
Physiquement, énergiquement. Plus libre.

En me formant à la méthode Faber et Mazlish « pour écouter et entendre son enfant », ainsi qu’à la Communication Non Violente, j’ai étoffé ma qualité relationnelle et ma capacité d’écoute dans la rencontre avec l’autre. Je découvrais encore plus finement les enjeux subtils de l’interaction humaine.

Avec la méthode du Dialogue avec les personnages intérieurs, j’ai rencontré un outil précieux pour entrer en lien avec mon monde intérieur, et aussi avec les autres, notamment celui de mes patients.
Cette pratique m’a appris à accueillir une émotion ou une part blessée sans m’y confondre, à lui offrir un espace d’expression et ainsi à la réintégrer en paix.
Elle m’a profondément transformée.

Je me suis alors sentie comme un puzzle en recomposition.
Et j’ai compris, plus tard, que ce chemin d’unification est celui que chaque âme emprunte pour revenir à elle-même.

Ces fragments figés – émotions, vécus, parts blessées -, une fois reconnus et accueillis, laissent
de nouveau circuler le mouvement de la vie.

Peu à peu, je me détachais de « mon histoire ».
Je devenais autre chose.

9. Création : se rematerner par le geste

Pendant près de vingt ans, la peinture a accompagné mon chemin.
Cinq de ces années ont été vécues en tant qu’artiste peintre professionnelle, accompagnée
par un agent et galeriste, Didier Bierjon, qui m’a initiée au monde de l’art contemporain.


Mais plus qu’un métier, la création a toujours été pour moi un espace refuge. Un sanctuaire.
Un lieu de transformation.
Un laboratoire de l’inconscient, où surgissaient des parts silencieuses, invisibles, enfouies.


Par le geste, la couleur, la matière, je réconciliais l’invisible.
Créer devenait un acte de soin.
Un moment de rematernage, de moi à moi.
Un accueil sans condition de ce qui voulait se dire autrement que par les mots.


C’était le début d’une grande histoire d’amour avec moi-même.
Une relation de présence, de douceur, une manière d’habiter mon intériorité.
Comme l’aurait dit Winnicott, j’apprenais à devenir ma propre mère « suffisamment bonne ».


Parallèlement, j’ai expérimenté différentes formes de thérapies. Je remercie Bernard, Agnès et particulièrement André Diwine, qui m’ont accompagné durant ces quinze années de Gestalt-thérapie, tant sur mon chemin personnel que dans mes supervisions professionnelles.
L’équation était aussi simple que la suivante : plus je me rencontrais intimement et plus je rencontrais les Autres.

10. Restructuration et corporalité

En devenant Artisane d’ Art, Peintre sur mobilier, j’ai rencontré la rigueur que demandent le bois, les étapes de restauration, la précision du geste. Ce fut une confrontation directe avec la notion de cadre, de limite : celles du matériau, du métier, des clients… et des miennes.

Alain Gleize disait « il n’y a pas d’ Art sans contrainte ». C’est vrai : les bords d’une feuille, le
temps de séchage, la résistance du bois, rappellent que l’imaginaire a besoin d’ancrage. Cette rencontre avec la réalité, loin de brider ma créativité, m’a profondément structurée.

Le poids des meubles anciens, le bruit des machines, les odeurs, les produits… Tout cela m’a reliée à ma corporalité. Mon corps était engagé, impliqué, en action. Et je réalisais que je ne l’habitais pas encore pleinement.

Ce métier m’a enracinée. Il m’a appris que l’éveil passe aussi par la matière, la lenteur, la précision. Et qu’il y a un soin profond dans l’art de réparer.

11. Quand la vie se manifeste brutalement en moi

À 36 ans, j’ai traversé l’un des moments les plus éprouvants de mon existence.
Un dépouillement total : matériel, affectif, amical, familial, financier, professionnel.
Tout s’est effondré en même temps.
La sensation de vide était vertigineuse, comme si le sol se dérobait sous mes pieds.
J’ai eu peur pour ma santé mentale.

Et pourtant, en regardant en arrière, je mesure la solidité intérieure qui m’a portée à travers cette nuit noire de l’âme.
Il m’a fallu neuf mois pour me relever, pour retrouver un souffle, une direction.
Moi qui avais toujours suivi mes élans du cœur, ceux qui jaillissent de l’endroit vivant et juste en moi, je ne comprenais plus rien.
Je ne savais plus ce que la vie attendait de moi.

Ce passage m’a forcée à lâcher prise.
À lâcher le contrôle.

La vie est devenue plus forte, plus impérieuse que jamais.
J’ai compris qu’elle me guidait, au-delà de ma volonté.
Qu’elle savait mieux que moi.
Et que ma seule tâche était de l’écouter et de m’arrêter. Pour le moment. De faire une pause.

 

12. La beauté comme ancrage

Pendant cette convalescence, j’ai marché des heures en silence, appareil photo en main, à capter la beauté fragile et puissante des fleurs de Provence, à Vaison-la-Romaine.

La nature est devenue mon ancrage.
Mes nouvelles racines.
Mon émerveillement quotidien.
Elle répondait à mes questions, soutenait mes journées.
Elle et moi, en conversation intime.

Je me nourrissais de sa beauté, de son abondance sans limite, de sa générosité, de sa présence, de sa diversité, de ses saisons et cycles changeants.
Elle m’a initiée à ma nature humaine profonde. Elle m’a réinitialisée à mon axe, à ma vie, à la vie.

Là, j’ai reçu l’un des plus grands enseignements :
Je suis reliée au grand tout.
Je suis la vie elle-même.
Nous sommes tous fragments du grand tout. Reliés les uns aux autres.

De cette traversée est née une foi en la vie, inébranlable.

Ma quête de vérité trouvait enfin son socle.
Mon rêve américain du « tout est possible » prenait une autre forme :
celle de la conscience créatrice.
Je suis la vie. Je suis créatrice. J’ai déjà tout en moi.

C’est dans ce silence lumineux qu’est née l’une de mes plus belles séries de photos : « Série Provence ».

13. Transmettre depuis cet espace

La suite a été joyeuse. J’ai ensuite été sollicitée par Isabelle Barale comme formatrice dans cette école d’artisanat d’art. Pour cela, j’ai été certifiée formatrice à la CCI d’Annecy et ai animé notamment des formations sur la Valorisation du Parcours et de l’identité professionnelle.

Je savais de quoi je parlais. À chaque réorientation, j’avais appris à reconnaître et à honorer mes compétences. Accompagner d’autres personnes à recomposer leur puzzle professionnel est devenu une évidence. Pendant cinq ans, j’ai aimé les aider à relier leurs expériences, à redonner sens à leur chemin, à se reconnaître.

Très vite, j’ai compris que ma manière de transmettre allait au-delà de la pédagogie classique. Ma posture, ma présence, ouvraient un espace subtil – un espace de miroir et d’autorisation. Mes formations se transformaient en ateliers thérapeutiques.

J’ai compris que c’est l’espace que j’ouvre, autant que ce que je transmets, qui permet à l’autre de se rencontrer. Ma conscience, libérée de nombreux blocages, agit comme un terrain d’accueil. Cela peut parfois bousculer – car je perçois ce que l’autre ne voit pas encore – mais cela peut aussi profondément valoriser.

Je ne cherche pas à provoquer cela. C’est ce que je suis devenue qui agit. Et je veille simplement à respecter chacun, dans son rythme et là où il en est.

14. Hors cadre, mais solidement ancrée

En créant mon centre de formation et en obtenant la certification Qualiopi, puis en occupant pendant huit mois le poste de directrice pédagogique dans l’école d’art-thérapie où tout avait commencé pour moi, j’ai traversé deux expériences fondatrices, très riches humainement et professionnellement.

C’est à cet endroit précis que j’ai pris conscience des limites des cadres institutionnels, souvent contraints par des formats administratifs ou normatifs, qui laissent moins de place à la respiration du vivant et à l’intuition.

Ces expériences m’ont amenée à affiner ce que je voulais profondément transmettre, et à mieux cerner le cadre qui me permet d’ouvrir des espaces sensibles, libres, et pleinement alignés à ma posture.

Aujourd’hui, je ne dépends d’aucune structure.
Je transmets au rythme que j’écoute.
On dit de moi que je suis « indépendante » et « hors cadre », ce qui ne signifie ni solitaire, ni sans structure.
J’aime la collaboration, et mon ancrage est solide.
Mon cadre, je le construis de l’intérieur.

15. M’exposer franchement, être visible, me rassembler

Parallèlement à cette période, j’ai réalisé un autre rêve : ouvrir un Atelier-Galerie d’Art à l’Isle-sur-la-Sorgue.
J’y ai rassemblé toutes mes activités – Art-Thérapie, Peinture sur mobilier, Peinture libre – dans un lieu lumineux qui me ressemblait.

J’ai adoré y exposer d’autres artistes, accueillir les curieux, créer du lien avec le voisinage.
L’aventure n’a duré que deux ans, mais elle m’a laissé une empreinte très douce et tendre.
Un espace de visibilité, de partages, de rencontres vraies.

Cette étape a contribué à rassembler les pièces de mon grand puzzle professionnel, à faire cohabiter mes élans multiples dans un seul lieu, un seul corps.

16. La fin de la peinture comme moyen d’expression

La photographie a peu à peu pris le pas sur la peinture.
J’ai arrêté de peindre après ma dernière série, « Jardins Intérieurs ».
Elle m’a apaisée. J’ai eu la sensation d’être allée au bout de quelque chose.

Comme si tout avait été dit.
Comme si, à travers cette série, j’avais traversé mes traumas les plus enfouis,
et qu’il n’était plus nécessaire de les traduire en couleurs.

C’était la fin d’un cycle.
Mais je ne savais pas encore que le prochain serait un nouveau palier :
plus subtil, plus fin, et plus lointain dans mon histoire…
la grande histoire, humaine et collective.

17. Quand le transgénérationnel pointe le bout de son nez

C’est presque par hasard que j’ai entamé à Lyon, ma ville natale, la formation en Constellations Familiales et Systémiques.
L’élan était spontané, mais profond. Où la vie m’emmenait-elle encore ?
Elle m’a, une fois de plus, surprise.

Je me suis retrouvée face à des liens invisibles, ceux que je portais de mes ancêtres.
C’était lourd. Bouleversant.
Les constellations m’ont confrontée à ce qui, dans ma lignée, n’avait pas été vu, dit, digéré.

Nous naissons de deux parents biologiques.
Nous sommes le maillon d’une chaîne humaine : notre lignée transgénérationnelle.
Elle nous transmet, dans nos mémoires cellulaires et nos inconscients, ses ressources, ses dons, ses expériences joyeuses … et aussi ses douleurs, ses non-dits, ses loyautés inconscientes.
Tout cela se transmet, souvent sans qu’on en ait conscience.

J’ai eu l’immense honneur d’être formée par Evelyne Piccoli, une femme d’exception, elle-même formée par Bert Hellinger, le fondateur des constellations.
À 73 ans, Evelyne incarne la force tranquille de celles et ceux qui ont fait leur propre chemin, et qui transmettent depuis un lieu juste, aligné, épuré.

Rencontrer Evelyne, c’était boucler une boucle.

Elle m’a transmis bien plus qu’une méthode : une compréhension sensible et une sagesse du vivant, un nectar d’humanité.

18. Revenir chez soi

Pendant trois ans, j’ai nettoyé en profondeur ce que les femmes et les hommes de ma lignée m’avaient transmis : la confusion entre vie et mort, les deuils silencieux, les avortements clandestins, les accouchements tragiques.
Dans mes mémoires cellulaires, un programme agissait : « donner la vie, c’est risquer de mourir ».
Je portais des charges invisibles, des loyautés silencieuses, des intrications puissantes.
Cela se traduisait par un sentiment de responsabilité exagérée, une culpabilité imposante si quelqu’un allait mal, un besoin de sauver, coûte que coûte… jusqu’à parfois me mettre moi-même de côté, dans une forme de sacrifice silencieux.
Comme si ma mission était de nettoyer pour toute la famille. Faire le ménage. Dégager du terrain. Mais à quel prix ?

La colère m’a traversée. Une fatigue de l’âme.
Toujours volontaire, toujours participante à mon propre éveil, je voyais soudain une couche que je n’avais pas encore vue. Une couche plus ancienne.
Chaque mois, je vivais des libérations profondes : ancestrales, énergétiques, cellulaires.
Il ne s’agissait plus de moi, mais de ce que je portais en croyant que c’était moi.

Mon souffle s’est élargi. Mon système s’est apaisé.
Les effets ont été multiples : subtils, profonds, parfois spectaculaires.

J’en ai profité pour poursuivre avec des nettoyages karmiques puissants.

En ouvrant la porte des constellations, je ne savais pas que la vie m’emmenait là où j’avais toujours rêvé d’être : à ma juste place.
Je revenais chez moi, dans ma maison intérieure.
Réunifiée dans des parts essentielles, ancrée dans ma nature profonde, plus libre de vivre ma vie, enfin.

Anaïs - Sète

19. Langage vibratoire

Depuis toujours, je ressens le monde autrement.
Je capte ce qui ne se voit pas, mais qui parle en moi.
Mon corps perçoit des mouvements, des fils invisibles, des signes subtils.

Créer, peindre, écouter, accompagner… tout est vibration.
Je reçois des images, des émotions, des élans qui traversent.
Pendant longtemps, je ne savais pas que cela avait un nom. Aujourd’hui, je sais que c’est un langage. Un langage du vivant. Un langage vibratoire.

Avec les années, j’ai appris à l’habiter pleinement.
À en faire un axe stable, un espace sûr.
Je me tiens là, au seuil de l’invisible, enracinée, à l’écoute.
Dans le silence, la présence, la vibration.

Aujourd’hui, je suis gardienne d’espaces pour ce qui cherche à renaître.
J’accueille ce qui vient avec respect et beaucoup d’humilité,
et j’accompagne les êtres à retrouver leur propre mouvement de vie.

Chemin de vie - anais authelain - entre deux monde

 Le seuil du vivant comme lieu d’âme

Elle me tend une fleur, comme on tend la vie.
Ce geste, simple et silencieux, traverse le temps.
Il me relie à ce qui m’a précédée,
et à ce que je choisis d’offrir, aujourd’hui.

A Mamie Lily et Lionel,
Pour l’éternité… Transmission de vie accomplie !

Aujourd’hui, j’honore chaque jour comme un cadeau.
La vie, dans tout ce qu’elle fait traverser, reste un mystère précieux.
Et l’intelligence du vivant dépasse infiniment tout ce que j’aurais pu imaginer ou prévoir.

Souvent, je pense à cette petite fille de 5 ans,
perdue sans mode d’emploi.
Se sentant seule face au monde,
Parce que la traversée devait se faire sans ma grand-mère.
Et c’est peut-être pour cela, que je suis devenue cette présence-là pour elle.
Aujourd’hui, elle peut se sentir aimée juste comme elle est.

Le chemin d’éveil est un mouvement vers l’amour – de soi, des autres et du vivant.

Je remercie toutes les personnes rencontrées,
furtivement ou profondément,
amicalement, amoureusement, professionnellement.
J’honore chaque regard, chaque mot, chaque silence.
Tout n’a pas été justifié, mais tout a été juste.
Tout a contribué à faire émerger cette évolution d’âme qui,
aujourd’hui, ose habiter pleinement ce qu’elle est.

MERCI à tous les guides que j’ai rencontré qui m’ont initié à devenir un être humain plus humain à chaque pas,
MERCI à mes parents
MERCI à mes ancêtres
MERCI à moi, of course,
Et MERCI LA VIE !

Je m’appelle Anaïs, qui signifie la grâce en Hébreu.
Et aujourdhui, je rends grâce chaque jour à la vie.
Je suis gardienne du vivant.

La vie n’est plus un combat.
La vie est une offrande.
Et je suis vivante.

Chemin de vie - anais authelain - le seuil lumineux

A chaque nouveau seuil, il y a la lumière.

Merci de votre lecture. J’espère que vous avez fait bon voyage.

Et pour la suite du mien,

Il y a tant d’élans du cœur encore en gestation …
Des collaborations avec des partenaires de cœur. Un livre en écriture. Un lieu en Camargue qui s’ouvrira, pas à pas, pour accueillir des initiations vivantes.

… Le reste viendra, au rythme du vivant.

Chaque jour porte en lui la possibilité de réajuster notre trajectoire à ce qui nous relie profondément à la vie.

Je nous souhaite que le chemin soit vivant !

 

 

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